Gabriel Bauret 2023 Les Pêcheries, musée de Fécamp
C’est en 1995 que la photographe finlandaise entreprend d’explorer le Groenland et particulièrement la partie la plus au nord de ce territoire. Elle y retourne régulièrement, au point que cette région lui est devenue familière et qu’elle a réuni aujourd’hui la matière de plusieurs ouvrages et expositions.
Très tôt, elle est captivée par la communauté des Inuits, l’une des rares populations à vivre dans le froid de cet extrême nord. Les conditions atmosphériques sont sévères, pour ne pas dire hostiles, exigeant de la méthode et du temps pour réaliser les prises de vue. La photographe conjugue une approche artistique, à la fois libre et mesurée, avec, en toile de fond, des préoccupations d’ordre documentaire. Son regard porte pour une part sur les activités propres aux habitants de la région telles que la chasse, et plus généralement leur mode de vie.
Mais l’exposition privilégie également l’intérêt porté à la nature particulière des paysages ainsi qu’à l’aménagement de l’habitat et de l’environnement urbain, c’est-à dire l’expression de la présence humaine. Cependant, derrière la beauté des sites, sublimée par la lumière et la couleur que Tiina Itkonen sait si bien capter, se cache une fragilité : on devine les changements climatiques à l’oeuvre aujourd’hui. Nous inviter à une telle contemplation revient implicitement à solliciter une réflexion sur la préservation d’un inestimable patrimoine naturel. Ainsi, au travers de cette œuvre se profile un message aux multiples dimensions. L’exposition rassemble près de 40 photographies réalisées entre 2002 et 2019, alternant paysages et portraits, mêlant les imposantes architectures des icebergs à de modestes habitats au milieu des neiges. Elle constitue un hommage à l’ethnologue Jean Malaurie, célèbre pour ses travaux sur le Groenland menés dans les années 1950, et que Tiina Itkonen a rencontré en 2004.