Pierre Ickowicz 1998 Musée de Dieppe
Il est toujours heureux pour les égyptologues et pour les innombrables personnes que leur curiosité pousse vers l’Égypte des pharaons de découvrir une collection qu’ils ignoraient d’antiquités pharaoniques, comme il s’en trouve tant à travers les villes du monde entier. Si modeste que soit la collection, les premiers y trouvent toujours un document ou un autre venant compléter tel ou tel dossier de recherche.
D’apprendre que Camille Saint-Saëns prolongea ses relations avec l’Égypte et ses visites du pays par l’acquisition de momies animales et d’ouchebtis sera pour beaucoup d’égyptologues une surprise.
Les fonds parvenus par les donations de personnalités dieppoises (ou plus exactement ce qui en a survécu à la Seconde Guerre mondiale) offrent un commentaire typique des croyances et pratiques d’un peuple singulier qui a tant investi pour assurer par magie une vie éternelle et surhumaine à chacun : l’éternité même d’Osiris, présent ici par quatre figurines de bronze. Des amulettes, des perles colorées tombées de maillots funéraires, un de ces scarabées de pierre qui permettaient d’affronter le Jugement des Morts accompagnaient les corps embaumés. Formes de la momie, le lot des ouchebtis du Château-Musée de Dieppe procure un échantillonnage significatif des matières façonnées par les artisans du Nouvel Empire et des époques récentes : bois, calcaire, grès, terre cuite et les différentes couleurs de faïence.
On verra comment l’extraordinaire dispersion au long du 19e siècle des mobiliers funéraires égyptiens a fait aboutir au bord de la Manche le pharaon Séthi Ier, deux prêtres éminents de la 21e dynastie et des prêtres memphites, d’époque saïte… On saura grand gré à MM. Pierre Ickowicz et Luc Gosselin et à la Ville de Dieppe de contribuer aujourd’hui à ces longues enquêtes de l’égyptologue.