L’origine de la collection : la librairie « L’Originale » à Paris
Issu d’un milieu modeste, Richard Anacréon quitte Granville à l’âge de 17 ans pour tenter sa chance à Paris. En 1925 il rentre par hasard dans l’administration du journal Le Petit Parisien, théoriquement pour un remplacement de trois mois. Il y restera de nombreuses années, côtoyant les écrivains et les poètes de ce temps, qui y publiaient leurs écrits en feuilletons dans la presse. En 1940, la vocation du Journal vient à changer avec l’occupation allemande. C’est alors que Paul Valéry, Colette et Paul Farrère, devenus ses amis, lui conseillent de lancer sa propre entreprise. Il ouvre une librairie baptisée L’Originale en plein quartier Latin, au 22 rue de Seine et se spécialise dans la vente d’ouvrages en édition originale.
L’Originale va devenir un lieu de passage, où de nombreux artistes aiment à s’arrêter. Son renom est en outre facilité par le triple parrainage de Paul Valéry, Colette et Claude Farrère. La librairie est de plus en plus animée et fréquentée : Marcel Jouhandeau, Léon-Paul Fargue, Maurice Utrillo, André Derain deviennent des visiteurs réguliers, auxquels s’ajouteront par la suite Blaise Cendrars et son éditeur Grasset. Le cercle s’agrandit avec Paul Claudel, Francis Carco, Jean Reverdy, Jean Genet, et Pierre Mac Orlan, pour ne citer qu’eux. Tous apprécient le bagout et les mots d’esprit du libraire.
Des livres et des « truffes »
Les livres qu’il vend sont des éditions rares et les auteurs qu’il soutient sont aujourd’hui illustres : Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Paul Claudel, Colette, Claude Farrère, Georges Duhamel, Jean Genet, Marcel Jouhandeau, Pierre Loti, Pierre Mac Orlan, Henry de Montherlant, André Suarès, Paul Valéry… Mais plus rares encore sont les « truffes » que cachent les trois quarts d’entre eux : sous les reliures parfois somptueuses, l’étrange libraire passa des dizaines d’années à obtenir envois et dédicaces, à glisser dessins, courriers, extraits de manuscrits relatifs au « livre-réceptacle ». Jusqu’à cette Fin de Chéri dans lequel Colette écrivit de sa main les 32 pages d’un chapitre oublié par l’éditeur !